« Noooonnnn ! Pas l’aciiiiiiideeeee... »
Autour de chaque goutte se formait une mousse dense, alors que le produit
avançait petit à petit, brûlant tout jusqu’au coeur. Au-dessus de moi, la jeune
femme tenait la bouteille à bout de bras, et liquide se déversait par à-coups
alors que l’air rentrait dans le goulot. Elle stoppa soudain, l’air satisfaite.
Elle éteignit la lumière et partit. Il n’était même plus question de souffrance ;
comment pouvais-je encore être conscient, la supplier d’arrêter cette torture ?
Je distinguais les vapeurs s’élevant au-dessus de moi. Après une éternité, elle
revint, ralluma la lumière jaune, me regarda droit dans les yeux, le visage
dépourvut d’émotion. Puis la pénombre à nouveau. Des heures ? Des jours ? La lumière à nouveau. Elle
déverse une trombe d’eau qui réveille ce qu’il reste de moi. Je la regarde,
immobile, enfiler une paire de gants jaunes et saisir le pic à glace. Face à
son sourire sardonique, je me sens mort. Je sais que la fin est là. Je sais que
ces 15 dernières années à m’accrocher pour survivre n’ont plus aucun sens. Elle
frappe, méthodiquement. Elle s’attaque au plus fin d’abord. Petit à petit, ce
qui reste de ma personnalité se craquèle. Puis j’abandonne. Je me détache. Je
tombe au fond de la cuvette, laissant derrière moi le bol en céramique saumon,
lisse, comme neuf.
Dans un monde idéal...
Dans un monde idéal...
Bravo pour ce petit texte très sympa :-) Je suis tombé dessus au hasard de mes surfs, mais merci beaucoup pour cette dédicace très sympathique !
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